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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE


une solution de brome, à toute pression, à toute température, aussi longtemps qu’on sait « reconnaître du brome », cette matière brome se résoudrait, à un grossissement suffisant, en molécules identiques. Dans l’état solide même ces molécules subsistent, à la façon de pièces assemblées gardant leur individualité, qu’on peut séparer sans rupture (et non pas à la façon dont des briques cimentées subsistent dans un mur : car en démolissant le mur on ne retrouve pas les briques intactes, au lieu qu’en fondant ou vaporisant le solide on doit retrouver les molécules, avec leur indépendance et leur mobilité).

Si tout corps pur est nécessairement formé par une sorte déterminée de molécules, il ne s’ensuit pas que réciproquement avec chaque sorte de molécules nous sachions constituer un corps pur, sans mélange de molécules d’autres sortes. C’est ce que font bien comprendre les propriétés du peroxyde d’azote, gaz singulier, qui ne vérifie pas la loi de Mariotte, et dont la couleur rouge devient plus foncée quand on le laisse se répandre dans un volume plus grand. Ces anomalies s’expliquent dans tous leurs détails si le peroxyde d’azote est réellement un mélange à proportion variable de deux gaz, l’un rouge et l’autre incolore. On pensera certainement que chacun de ces gaz est formé par une sorte déterminée de molécules, mais en fait on ne réussit pas à séparer ces deux sortes de molécules, c’est-à-dire à préparer purs le gaz rouge et le gaz incolore. Dès qu’on tente une séparation qui par exemple accroît un instant la proportion de gaz rouge, il se refait, en effet,

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