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TRANSMUTATIONS

106. — La radioactivité est le signe d’une désintégration atomique. — Pierre et Marie Curie s’aperçurent (1899) qu’une paroi solide quelconque placée dans la même enceinte qu’un sel radifère (de façon que l’on puisse aller du sel à la paroi par un chemin entièrement contenu dans l’air) semble devenir radioactive : cette radioactivité induite, indépendante de la nature de la paroi, décroît progressivement quand cette paroi est soustraite à l’influence du radium et devient pratiquement nulle après une journée. Rutherford retrouva bientôt la même propriété pour le thorium qui provoque une radioactivité induite un peu plus durable.

Ces radioactivités induites se produisent partout où pourrait atteindre par diffusion un gaz dégagé par la préparation radioactive initiale. Rutherford eut l’intuition que réellement des émanations gazeuses matérielles sont continuellement engendrées par le radium ou le thorium. Transvasant par aspiration de l’air qui avait séjourné au contact d’un sel de thorium, il trouva que cet air restait conducteur, comme s’il conservait une cause intérieure d’ionisation. Cette ionisation spontanée décroît en progression géométrique, à peu près de moitié par chaque minute. Il en est de même pour de l’air qui a passé sur un sel radifère, mais la décroissance est plus lente, à peu près de moitié pour chaque intervalle de 4 jours.

Rutherford admit alors que la radioactivité d’un élément ne signale pas la présence des atomes de cet élément, mais signale leur disparition, leur transformation en atomes d’une

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