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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE

vices qu’elles ont rendus, et je me borne à observer que les 200 000 formules de constitution dont la Chimie organique a tiré parti[1] donnent en définitive autant d’arguments en faveur de la notation atomique et de la théorie de la valence[2].

24. — Stéréochimie. — La constitution de la molécule une fois connue, en ce qui regarde les liaisons des atomes, on s’est demandé, raisonnant comme si cette molécule était un édifice à peu près rigide de forme définissable, quelle configuration dessinent dans l’espace ses divers atomes. On s’est proposé, en quelque sorte, de dessiner un modèle à trois dimensions, indiquant les positions respectives des atomes de la molécule. Ce nouveau problème, qui aurait pu ne pas avoir de sens (les valences auraient pu fonctionner comme des liens souples, à point d’attache mobile sur l’atome, n’imposant pas de configuration déterminée), a reçu un commencement de solution grâce à de beaux travaux de Pasteur, Le Bel et van ’t Hoff, auxquels je veux au moins faire une allusion.

  1. Voir Dictionnaire de Beilstein.
  2. Il est d’ailleurs possible et même probable que, indépendamment des valences, des liaisons de genre différent, moins robustes, également à capacité de saturation limitée, puissent intervenir entre atomes ou molécules, donnant ces « combinaisons moléculaires », telles que sels doubles ou sels complexes, surtout signalées dans l’état solide. Uniquement pour comprendre la possibilité des liaisons différentes, disons que les valences ordinaires pourraient être dues à des attractions électrostatiques, et que en outre deux molécules (où même deux atomes) pourraient s’attirer comme des aimants, capables de former des systèmes astatiques sans action magnétique extérieure (polymérisation par doublement de la molécule, fréquemment observée).
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