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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE

saires d’Arrhenius trouvaient absurde qu’on pût supposer des atomes de sodium libres dans l’eau. « On sait bien, disaient-ils, que le sodium mis au contact de l’eau, la décompose aussitôt en chassant de l’hydrogène. Et d’ailleurs, si du chlore et du sodium coexistaient dans l’eau salée, simplement mélangés comme deux gaz qui occupent un même récipient, n’aurait-on pas quelque moyen de les séparer l’un de l’autre, par exemple en superposant à l’eau salée de l’eau pure dans laquelle les constituants Na et Cl diffuseraient sans doute avec des vitesses inégales ? Or ce procédé de séparation échoue, non seulement pour le sel marin (l’égalité des vitesses pourrait exceptionnellement se trouver réalisée) mais pour tous les électrolytes ».

Arrhenius répondait à ces objections en s’appuyant sur le fait que les solutions anormales conduisent l’électricité. Cette conductibilité s’explique si les atomes Na et Cl que donne par dissociation une molécule de sel sont chargées d’électricités contraires (comme sont après séparation un disque de cuivre et un disque de zinc d’abord au contact). Plus généralement, toute molécule d’un électrolyte peut de même se dissocier en atomes (ou groupes d’atomes) chargés électriquement, que l’on appelle des ions. On admet que tous les ions d’une même sorte, tous les ions Na par exemple d’une solution de NaCl, portent exactement la même charge (forcément égale alors à celle que porte l’un des ions Cl de l’autre signe, sans quoi l’eau salée ne serait pas dans son ensemble électriquement neutre, comme

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