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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE


Limite supérieure des grandeurs moléculaires.

31. — Divisibilité de la matière. — J’ai tâché de présenter jusqu’ici l’ensemble des arguments qui ont fait croire à la structure atomique de la matière et de l’électricité, et qui ont livré les rapports des poids des atomes, supposés exister, avant qu’on eût aucune idée sur les grandeurs absolues de ces éléments.

J’ai à peine besoin de dire qu’ils échappent à l’observation directe. Si loin que l’on ait poussé jusqu’à présent la division de la matière, on n’a pas eu d’indice qu’on approchât d’une limite, et qu’une structure granulaire fût sur le point d’être directement perçue. Quelques exemples rappelleront au reste utilement cette extrême divisibilité.

C’est ainsi que les batteurs d’or préparent des feuilles d’or dont l’épaisseur n’est que le dixième de millième de millimètre, ou, plus brièvement, le dixième de micron. Ces feuilles que nous connaissons tous, et qui par transparence laissent passer de la lumière verte, paraissent encore continues ; si l’on ne va pas plus loin, ce n’est pas parce que l’or cesse d’être homogène mais parce qu’il devient de plus en plus difficile de manipuler, sans les déchirer, des feuilles plus minces. S’il existe des atomes d’or, leur diamètre est donc sûrement bien inférieur à 1 dixième de micron (0μ,1 ou 10−5 cm) et leur masse bien inférieure à la masse d’or qui emplit un cube de ce diamètre, c’est-à-dire à 1 cent-milliardième de milligramme (10−14 gr.). La masse de l’atome

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