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l’énergie

minée. C’est ce qui a été clairement compris, et énoncé comme « principe de l’état initial et de l’état final », au xix siècle par le chimiste français Berthelot, et depuis appliqué dans les innombrables mesures thermochimiques exécutées par Berthelot en France, Thomsen en Allemagne, et par leurs continuateurs.

Considérons des réactions dont l’état initial et l’état final sont tels que la répercussion puisse en être entièrement thermique, comme il arrive pour les réactions produites dans un récipient rigide (« bombe calorimétrique » de Berthelot), qui sera plongé dans un calorimètre. Ces réactions seront dites exothermiques si le changement thermique extérieur correspondant est positif, endothermiques s’il est négatif.


26. Enchaînement, par frottement, d’un travail avec un changement thermique. — Les frottements vont enfin nous permettre de lier changements thermiques et mécaniques et d’atteindre en sa forme générale la notion d’équivalence des changements.

Nous avons indiqué déjà comment l’observation journalière donne l’exemple de travaux produisant des échauffements par frottement. Rumford, dès le xviiie siècle, comme nous l’avons alors rappelé (1), avait ainsi amené à l’ébullition l’eau d’une grande cuve, par frottement, au sein de cette cuve, contre une pièce métallique immobile, d’une autre pièce maintenue en rotation par un manège que faisaient tourner des chevaux. Et cette expérience où se créait du « calorique », sans qu’aucune matière fût transformée, par suite sans qu’aucune matière eût pu en perdre, fut justement opposée à l’hypothèse de la conservation du calorique.

Il y avait dès lors peu à faire pour introduire la mesure en de telles expériences. Peu à faire sinon précisément de comprendre l’intérêt immense de cette mesure. Il fallut attendre pour cela Joule (1845), dont l’expérience fondamentale (qui au fond n’est qu’une modification de l’expérience de Rumford) peut être résumée comme il suit :

Deux poids, en s’abaissant, font tourner, par l’intermédiaire de poulies et de cordons enroulés en des sens concordants, un tambour (fig. 7) qui entraîne, au moyen d’un axe vertical, un agitateur à palettes dans un calorimètre plein d’un liquide quelconque et thermiquement bien isolé. D’autres palettes, fixées à la