ne me donnez les dernières preuves… Hé !
que vous faut-il donc, lui dis-je à mon tour, en
l’interrompant ? Qui me forcerait à feindre ? Qui
me déterminerait à hasarder la démarche que
je fais à votre premier avis ? Non, je vois bien,
quelques efforts… Hé bien, je vous crois, me
dit-il ; mais il faut me venger. Très volontiers,
lui dis-je : je vais dès aujourd’hui signifier à
sieur Valérie mes dernières intentions : secondez-les.
Revenez demain comme à l’ordinaire,
et contentez-vous de l’avoir humilié. Je m’en
donnerai bien de garde, reprit-il ; je ne me
résoudrai jamais à fatiguer continuellement la
vue d’un homme qui ne pourrait soutenir…
Vous devez m’entendre, madame… vous vous
en trouveriez vous-même la victime. Non, il
faut me priver de votre chère compagnie ; il faut
m’éloigner. Ah ! je n’y consentirai jamais, chevalier,
lui dis-je avec transport. Il ne tient qu’à
vous de me retenir, me répliqua-t-il ; vos bontés
seules décideront de mon sort. J’allais lui
répondre, mais son indiscrétion m’en empêcha :
il m’embrassa avec transport, me représenta
qu’il m’adorait, que je le souffrais, que nous
nous trouvions seuls, que nous avions à nous
venger, que les moments ne s’offraient que pour
être saisis : je le crus de bonne foi. Plus je lui
ordonnai de finir, plus mes regards lui défendi-
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LES ÉGAREMENTS