de l’inquiétude à son sujet, et me rendis à son
appartement, que je me fis ouvrir. Rien de plus
à propos que ma démarche pour son état :
qu’elle le soulagea ! Inquiet et humilié tout ensemble,
il n’osait me regarder ; rougissant de la
mauvaise impression qu’il m’avait laissée, il
s’en estima d’autant plus malheureux, qu’il
m’assura ne s’être jamais trouvé en pareil cas.
À quoi je lui répondis que j’avais apparemment
le don d’opérer des prodiges. Il sentit toute
l’amertume de cette plaisanterie, et prenant le
parti du silence, il ne la soutint qu’en homme
qui connaît son tort. Il n’y avait effectivement
qu’une réparation solide qui pût faire oublier le
passé ; mais malheureusement une faute en
entraîne toujours une autre : rarement les forces
renaissent-elles de l’abattement, un succès dépend
souvent de la sécurité avec laquelle on
entreprend. Aussi je ne négligeai rien de ce qui
pouvait le consoler. Je lui représentai sérieusement
le tort qu’il me ferait en me jugeant capable
de penser aussi communément que la
plupart des femmes ; je lui rappelai que mon
attachement pour lui, fondé sur l’estime et sur
la reconnaissance, était trop détaché des sens
pour être sensible à ce qui faisait le sujet de son
chagrin ; que le sentiment épuré souffrait, avec
raison, quand on le voulait subordonner à des
Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/143
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
DE JULIE