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DE JULIE


quelquefois à perte de vue sur les symptômes de mon mal, auquel il prétendait se parfaitement connaître. J’eus tout lieu de rire intérieurement du trouble qui déconcertait la partie. Je rappelai ma santé avec autant de facilité que je l’avais perdue, et madame du Bellois conclut en chemin que l’air du lieu m’était contraire, ainsi qu’elle l’avait remarqué dès le premier jour. Je ne fus pas plutôt arrivée chez moi qu’ayant tiré Rose en particulier, je lui annonçai qu’elle pouvait prendre son parti : elle l’accepta aussitôt. Mes conjectures à son égard se trouvèrent véritables ; elle ne pouvait résister au désir de revoir Derval, et elle ne m’avait demandé son congé depuis un mois que pour essayer de le rejoindre à Toulouse, ainsi que je l’appris par la suite : je lui fis son compte, lui payai ses gages, et dès le lendemain elle partit. Cécile s’approcha de moi avec tout l’empressement possible, chercha à se rendre nécessaire, me demanda l’état de ma santé, me montra toute l’adresse et la bonne grâce possible tant qu’il ne fallut rien faire. On a raison de dire que tout nous plaît indistinctement dans un objet aimé ; son embarras pour me déshabiller me réjouit infiniment : une espèce de tremblement, que j’attribuais à la crainte de ne pas réussir, lui tenait compte auprès de moi de ce qu’elle aurait voulu faire ; elle ne m’en