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LES ÉGAREMENTS


tumai, comme toutes les filles, au jargon de la pudeur, sans pouvoir, comme quelques-unes, en connaître l’effet. Un reproche que m’ont toujours fait mes parents, c’est de n’avoir pu parvenir au moins à l’art de la jouer ; talent nécessaire à la petite profession à laquelle ils me destinaient.

Mon origine ne renferme que des circonstances ennuyeuses, dont je dois faire grâce au lecteur : s’il me fallait accuser les issus de germain, que j’ai décrassés par mes alliances, il m’en coûterait une énumération généalogique aussi étendue qu’inutile ; ainsi on me permettra de réunir toute ma famille en une vieille tante dont l’éducation que j’en reçus, seconda parfaitement chez moi les heureuses dispositions de la nature. L’aveu de mes égarements est assez humiliant pour les auteurs de mes jours, si tant est qu’ils soient susceptibles de quelque honte, sans y joindre encore l’affront de les divulguer. Ma tante donc, que nous nommerons Daigremont, fut la fidèle agente de mes petites gentillesses, desquelles elle admira toujours les progrès avec les yeux d’une mère toute complaisante.

Je restai jusqu’à l’âge de douze ans en Province, où nous vécûmes dans une honnête pauvreté : ne pouvant jusqu’alors faire autrement,