Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
DE JULIE


ce n’était qu’une misère, elle résolut de renouer en ma faveur. M. Morand amena adroitement les choses : il ne faut pas plus de façon pour réconcilier des femmes que pour les brouiller. Madame Renaudé fit les premiers pas, et me prévint ensuite sur la visite de la personne en question, qui ne pouvait tarder. Le portrait avantageux qu’on m’en avait fait n’avait pas peu contribué au désir que j’avais déjà formé d’une nouvelle connaissance : ce fut toujours mon faible. Je ne m’étais point annoncée être de la province de… j’avais seulement dit y avoir demeuré et y connaître quelqu’un : un peu de curiosité pouvait bien avoir eu part à la démarche de madame Renaudé. Quoi qu’il en fût, je me rendis exactement chez elle pour être présente à la visite qu’elle devait recevoir. Effectivement le second jour, comme nous sortions de table, on annonça mademoiselle Beauval, qui caractérisa la sincérité de son retour vers la Renaudé par tout ce que l’amitié a de plus expressif. On s’embrassa, on rit, on convint que trois quarts de leur vie les femmes étaient folles. M. Morand appuya la chose d’un sérieux qui n’appartenait qu’à lui : on le prit au collet ; on le souffleta, on le rendit enfin la victime de sa réflexion. Ce premier feu jeté, mademoiselle Beauval s’aperçut de la meilleure grâce du