Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
DE JULIE


» vous convaincre que je suis bien informé, je vous avertis que vous n’êtes pas plus heureuse au choix de vos amies que de vos amants. »

Tout affligeante qu’était cette réponse, à laquelle il n’avait pas daigné mettre de signature, j’y fus comme insensible : je m’y attendais. Je ne regardai plus qu’avec tristesse ces vains ajustements, sur lesquels j’avais si bien fondé l’espérance de le ramener dans mes fers. Je tombai dans une mélancolie, dont au bout de quelque temps je m’aperçus que les effets me priveraient des dernières ressources. Je me donnai quelquefois la triste satisfaction d’être, à différents spectacles, l’envieux témoin de leur union, sans pouvoir m’y accoutumer. Je n’imaginais pour lors rien au-dessus du plaisir que j’aurais eu à les braver à mon tour ; mais inutiles désirs ! il faut des occasions ; les plus jolies filles ne sont pas toujours celles qui les trouvent : une libertine à la mode fait la loi dans Paris, lorsque cent beautés raisonnables sont obligées de la recevoir. Que j’enviai votre sort, femmes à talents, dont le mérite a le don de vous faire rechercher ! Vous possédez l’aimant des cœurs.

Craignant sérieusement que l’altération qui se remarquait déjà sur mon visage n’empirât, je mis tout en usage pour me dissiper ; je fis quel-