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LES ÉGAREMENTS


en même temps fondre dans la salle un colosse nu en chemise, qui, tenant une poignée de verges à la main, proposait la partie à une petite effrontée, aussi nue, qui courait devant lui, et dont les propos auraient fait rougir un hussard. Tiens, lui dit-elle, en me montrant, voilà du fruit nouveau, puisque tu veux fouetter, fouette. Cette scène, qui ne répondait point à l’idée que je m’étais faite des nièces de madame Mont-Louis, ne laissa pas de m’embarrasser : j’aurais bien dévisagé mademoiselle Mimy ; mais je craignais défaire trop beau jeu à mon fouetteur, auquel, malgré l’indécence qu’il me présenta, je remontrai poliment que je n’étais pas de la maison. Mais la coquine de Mimy ayant fait sonner qu’on ne venait pas chez la … pour faire la bégueule, détermina ce bandit à passer outre : de sorte que je me vis forcée d’aller au-devant de ce que je voulais éviter, et m’étant jetée, avec autant de furie que d’adresse, sur ce qui donnait sujet à tant d’ordures, je leur prouvai que je ne cherchais point, comme ils le disaient, à me faire prier. Nous étions aux prises, lorsque heureusement pour moi les éclats de rire de la Mimy attirèrent la prudente Mont-Louis, qui entra précipitamment, et mit ordre à tout sans se déconcerter. Qu’est-ce que vous faites ici, me dit-elle ? je vous attendais en haut.