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LES ÉGAREMENTS


quel plaisir, m’écriai-je en pleurant amèrement ! C’est donc là que se termine ce bonheur apparent, dont je me repaissais l’imagination ! Ce n’était assurément pas qu’une belle passion pour la vertu réglât en ce moment ma conduite ; mais le penchant que j’avais toujours eu pour le libertinage ne m’avait jamais familiarisée avec la crapule ; je n’avais jamais regardé qu’avec dégoût et horreur un détail dans lequel on est indispensablement exposé à des brutalités qui déshonorent et dégradent le plaisir.

La *** ayant inutilement essayé de me persuader, me fit entrevoir quelques expédients moins révoltants pour me produire : elle me parla de quelques pratiques secrètes qui seraient charmées d’avoir affaire à quelqu’un de mon caractère ; mais outre la difficulté qu’il y avait à guérir l’imagination de ces sortes de gens, qui étaient toujours en garde contre les faux dehors, elle me fit entendre que ces arrangements étaient tout à fait contraires à ses intérêts. Tel s’accommode, me dit-elle, d’un commerce fixe, et s’acoquine à une fille qui n’a plus besoin de mon ministère, et m’oublie facilement. J’eus d’autant moins de peine à la rassurer sur ses craintes, qu’elle était avec moi en avance de cinq louis, dont toutes mes délicatesses n’auraient pu lui garantir la restitution.