raisonnable qu’autrefois ; que d’ailleurs une
longue habitude de traverses m’avait pour ainsi
dire formé le caractère à la mélancolie et à la
tristesse. Oh, oh ! j’ai une bonne recette, me
dit-il, contre cette vermine-là ; mais, mais voyons
un peu, conte-moi donc tes fredaines. Je me
gardai bien de lui rien apprendre qui se ressentit
de son expression ; je lui fis seulement l’histoire
de M. Démery, ajoutant que la mort me
l’avait enlevé lorsque nous étions sur le point
de nous unir par des nœuds indissolubles. Je
lui appris la malheureuse banqueroute que j’avais
essuyée : je n’oubliai point les fâcheuses circonstances
qui m’avaient exposée aux recherches
de la justice ; mon évasion de prison, ma
maladie, et enfin l’accident qui m’était arrivé
avec son neveu dans les premiers jours de ma
convalescence. J’eus soin à cet article d’appuyer
sur le mépris que j’avais fait de ses offres, quels
que fussent mes besoins, ce que je remarquai
lui faire un plaisir infini. Je t’en sais bon gré,
me dit-il ; tu n’y perdras rien : c’est un coquin.
Je lâchai adroitement quelques larmes, en gémissant
sur les malheurs dans lesquels il m’avait
précipitée, et que je me promis bien de ne lui
pardonner jamais.
Le jour étant enfin baissé il me proposa de nous retirer ; nous descendîmes et trouvâmes à