fit entendre, sans affectation, qu’il en aurait la
jouissance, ce qui le fit passer par-dessus les
objections qu’il aurait pu lui former. La proximité
nous procura plus souvent sa compagnie,
quoiqu’il se fit encore désirer. M. Poupard ne
pouvait manquer de penser comme tout le
monde à son sujet ; il parut aussi amusant à
celui-ci, qu’éclairé et savant aux autres. Nous
nous aperçûmes même que la société changeait
beaucoup son caractère, auquel la tristesse seule
avait apporté quelque altération,.
Je trouvais sa conversation si instructive et si intéressante, que je ne pouvais me lasser de l’entendre : je passais les journées avec lui sans m’en apercevoir ; car j’avais enfin obtenu, qu’il ne me quittât presque point. Il n’était pas possible qu’un commerce aussi fréquent ne découvrît tôt ou tard l’homme sous le philosophe. Je m’aperçus, après un certain temps, de quelque changement qui se faisait en lui. Lorsque nous étions ensemble il évitait mes yeux, son entretien se ressentait de sa distraction : je lui en fis des reproches, il se défendit assez mal ; et sur ce que je me plaignis un jour du peu de confiance, qu’il avait en moi, puisqu’il me cachait quelque nouveau sujet de chagrin, il m’avoua sans détour qu’il commençait peut-être trop tard à voir le danger où je l’avais précipité ; mais qu’il se croyait dans le cas inévitable à tous ceux qui me