Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
DE JULIE


la mémoire par leur présence ; ainsi je me trouvai régalée d’un tête-à-tête, dont les progrès me parurent substituer aux galanteries de M. Poupard les allures d’un vrai satyre : et quoiqu’une croûte générale eût réparé les insultes du bois de Boulogne, il me fallut résoudre à une accolade des plus convulsives. Je fus tout de bon effrayée ; et en effet l’amour n’était-il pas avantageusement déguisé ? Ma résistance, qu’il attribua sans doute à ma modestie, ne fit que l’animer ; il insista, je me défendis de mon mieux, et l’obligeai enfin à remettre à une autre fois ses tentatives. Je m’aperçus cependant qu’il était encore fort content que je n’eusse pas achevé de le dévisager. Nous repassâmes tous deux fort émus dans la chambre de nos deux vieilles, auxquelles il demanda la permission de faire apporter son souper : on l’accepta sans façon. Il sortit et nous envoya un repas qui ne sentait rien de la précipitation avec laquelle il l’avait commandé. Pour lui, il ne revint que chargé d’emplettes qu’il avait été faire dans la première chaleur ; ce qui vraisemblablement n’en avait pas diminué le prix : il plaça ses présents sur ma toilette, qui changea bientôt de décoration par la richesse des bijoux qu’il y mit. Il eut soin, pour égayer notre souper, de nous faire remarquer ces petites extravagances,