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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/82

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LES ÉGAREMENTS


d’esprit du sieur Valérie nous tira d’affaire et donna lieu à une assez plaisante catastrophe que je vais rapporter.

Il est dangereux de s’endormir sur les précautions : tôt ou tard le hasard nous trahit ; nous l’éprouvâmes dans la grande sécurité avec laquelle nous nous conduisions sur la fin. Une nuit, que nous étions sans doute plus occupés de nos plaisirs, soit qu’oubliant tous deux qu’on pût nous entendre, l’un n’eût pas la force d’avertir l’autre du bruit qu’il faisait ; soit que ma tante se fût réveillée par hasard, nous ne nous aperçûmes de notre indiscrétion que par les cris de cette dernière, qui s’opiniâtrait à m’appeler : mais comme je n’avais rien répondu, nous les entendîmes toutes deux effrayées, qui venaient à tâtons vers mon lit, au chevet duquel les habits de mon amant étaient dispersés. J’étais plus morte que vive : nous étions découverts sans la présence d’esprit du sieur Valérie, qui, se voyant pris, aussi bien que moi, se saisit d’un gros chat, témoin ordinaire de nos plaisirs, qu’il fit voler au nez de la Château-Neuf. Le cri qu’elle fit ayant épouvanté ma tante, elle tomba à la renverse, les jambes embarrassées dans un tabouret, par le mouvement précipité qu’elle avait fait pour s’enfuir : ce qui dut former au milieu de la chambre un groupe assez plaisant.