Page:Perrin - Notice sur les travaux scientifiques de Jean Perrin, 1923.djvu/21

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tournesol (c'est le cas pour la poudre de charbon).

Les autres ions monovalents (K+, Na+, NH4+, Cl-, Br-, NO3-, etc.) ne chargent pas (appréciablement) les parois.

3° Si un ion polyvalent présent dans la liqueur a le même signe que l’ion actif H + ou OH - présent, il n'a pas d'influence sur la charge.

Par exemple , l'addition de ferricyanure (FeCy6---) en milieu alcalin n'accroît pas la charge négative de la paroi, même si l'alcalinité est tellement petite que l'électrisation négative de la paroi soit très faible.

4° Si un ion polyvalent présent dans la liqueur est de signe opposé à l’ion actif (H +ou OH -) présent, il est« mordancé » contre la paroi par cet ion actif, diminuant ainsi la charge de la paroi, et d'autant plus que la charge est plus élevée. La diminution peut aller jusqu'au renversement du signe.

Par exemple, une trace de ferrocyanure, qui n'avait pas d'action en milieu alcalin sur une paroi même très faiblement négative, rend fortement négative cette paroi dans un milieu acide qui par lui-même la chargerait positivement.

Je ne discuterai pas ici comment on peut, d'un point de vue atomistique, s'expliquer que les ions constitutifs du solvant[1] s'accumulent sur la périphérie du liquide[2] en mordançant contre cette périphérie les ions polyvalents du signe opposé[3]. Et je me borne à constater que les règles données sont claires, et qu'elles ont reçu des vérifications sans cesse plus nombreuses[4]. Elles ont été notamment étendues au cas où la paroi se réduit à la surface libre même, en contact avec divers gaz[5] (azote, hydrogène, etc.).

Et elles ont encore été retrouvées pour des surfaces métalliques (Mäkelt) d'après le signe de la force électromotrice engendrée par la chute de poussières métalliques dans la solution aqueuse étudiée.

  1. Les ions constitutifs OCH3- et H+ de l'alcool méthylique paraissent jouer, pour les solutions dans ce liquide, le même rôle que les ions OH- et H+ dans l'eau (C. R., t. 138, p.898 et 1165).
  2. Disons seulement que la charge par les ions constitutifs s'explique en même temps que la mobilité apparente anormalement élevée de ces ions.
  3. On conçoit par exemple qu'un ion négatif tétravalent soit plus fortement attiré qu'un ion bivalent par un ion H+ périphérique.
  4. Guillaume (Thèse Genève, 1908) ; Larguier de Bancels (C.R., 1909) : Mäkelt (Z. Phys.Chem., 1909) ; Riéty (Ann. de Phys., 1913) ; Taggart (Phil. Mag., 1914) ; Mlle Choucroun (Journ. Phys., 1920) ; Glixelli (Z. Phys. Chem., 1909).
  5. Se prouve par le sens du transport de bulles gazeuses dans le champ électrique (Taggart).