Page:Perrin - Notice sur les travaux scientifiques de Jean Perrin, 1923.djvu/84

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photométriques vérifient cette formule, imposant à C la valeur 4,4.10-47 et à H la valeur 4/1000 (unités C.G.S.)

Les quanta.

– Du même coup s’est introduite la notion fondamentale de quantum : Notre théorie radiochimique avait supposé que la radiation qui, prenant une molécule, la transforme en une molécule critique d'énergie supérieure, a une fréquence fixée par ces deux états ; nous voyons ici, par l'égalité de L et de Hn, comment elle est fixée, de façon prodigieusement simple et générale qui ne dépend pas de la sorte particulière de matière transformée, et qui consiste en ce que cette fréquence est numériquement égale, à un facteur constant près, à l'excès d’énergie du second état sur le premier. Nous ne connaissons sans doute pas de relation plus profonde entre la lumière et la matière.

Si l’excès d'énergie L par molécule-gramme est égal à Hn, l’excès d’énergie par molécule sera H/N n ou h n, N étant le nombre d'Avogadro, et h étant une constante universelle égale par suite à 6,5.1027.

Ainsi, quand une lumière de fréquence n amène une molécule d'un état stationnaire à un autre état stationnaire, l'énergie interne de cette molécule s'accroît du quantum hn. Loi de discontinuité qui prend rang parmi les grandes lois de la Chimie. Réciproquement, quand une molécule passe spontanément d'un état stationnaire à un état stationnaire plus stable, elle émet une lumière pure dont la fréquence est le quotient de l' énergie perdue par la constante universelle h.

On reconnaît sous cette forme la généralisation de l’un des postulats par lesquels Bohr a réussi (1913) à expliquer le spectre de l'hydrogène. C'est une loi assez importante pour que j'aie voulu montrer ici que ma théorie radiochimique y conduit de façon très simple.

Réactions plurimoléculaires.

– J'ai raisonné sur des réactions unimoléculaires ; sans le justifier ici, je me bornerai à dire que, du point de vue radiochimique, on peut représenter la réaction la plus générale par l' équation symbolique :

W + SHn + SA -> SA’ + SHn’ + W’

où W désigne l'énergie cinétique relative des molécules A qui se rencontrent, n les fréquences des radiations qui auraient, avant cette rencontre, s'il est nécessaire, créé des états stationnaires capables de réagir spontanément pendant la rencontre (une