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Page:Perrinjaquet - Corée et Japon, annexion de la Corée au Japon, traité du 22 août 1910 et ses conséquences.pdf/17

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jaune serait pleinement satisfait. L’annexion aurait alors eu un puissant objectif d’ordre moral s’inspirant de la philosophie de Confucius[1].

Les Japonais, désireux de faciliter l’assimilation des deux peuples, se sont montrés depuis 1908, après la répression des troubles, moins rigoureux vis-à-vis des indigènes ; et, si l’ordre public n’est pas compromis, il est probable qu’ils ne feront pas sentir durement leur suprématie : le traité d’annexion indique, d’ailleurs, expressément l’intention du gouvernement de Tokio de confier certaines fonctions à ceux des Coréens qui accepteraient loyalement le nouveau régime (article 7 du traité). Il est probable que les Coréens, épuisés par leurs précédentes révoltes, accepteront avec résignation le fait accompli et que les précautions militaires du Japon arrêteront tout mouvement insurrectionnel sérieux.

Depuis 1905, l’autorité japonaise ne s’est pas contentée de réprimer les mouvements de révolte, mais s’est efforcée en même temps de civiliser et de moderniser le vieil Empire endormi dans une immobilité traditionnelle. Le télégraphe et le téléphone ont été installés ; des chemins de fer ont été construits ; des écoles ont été ouvertes en grand nombre, l’instruction élémentaire étant rendue à peu près obligatoire ; les méthodes de culture ont été également améliorées et transformées. Aussi le commerce extérieur de la Corée, jadis stationnaire, a triplé de 1905 à 1910. La législation a été refondue par la promulgation de codes nouveaux plus modernes et plus équitables que les vieux codes coréens. Le gouvernement japonais paraît ainsi décidé à pratiquer une politique de large assimilation des deux peuples en réformant la Corée et en y facili-

    et la stabilité ; et, de plus, un esprit de soupçon et de doute domine partout dans la presqu’île. — Pour maintenir l’ordre public et la sécurité et pour accroître le bonheur et le bien-être du peuple, il est devenu manifeste que des changements fondamentaux dans le système de gouvernement actuel sont inévitables. — Nous, de concert avec Sa Majesté l’Empereur de Corée, ayant en vue cet état de choses et convaincus de même de la nécessité d’annexer la totalité de la Corée à l’Empire du Japon pour répondre aux besoins actuels de la situation, sommes, maintenant, arrivés à un accord de cette annexion permanente. — Sa Majesté l’Empereur de Corée et les membres de sa Maison impériale se verront accorder, malgré l’annexion, un traitement dû et approprié. Tous les Coréens, passant sous notre pouvoir direct, jouiront d’une prospérité et d’un bien-être croissants et, avec le repos et la sécurité assurés, une expansion notable se réalisera dans l’industrie et dans le commerce. — Nous croyons fermement que le nouvel ordre de choses qui vient d’être inauguré sera une nouvelle garantie de la paix durable en Orient. — Nous ordonnons l’institution de l’office de gouverneur général de Corée. Le gouverneur général exercera, sous notre direction, le commandement de l’armée et de la marine et un contrôle général sur toutes les fonctions administratives en Corée. Nous invitons tous nos fonctionnaires et autorités à l’accomplissement de leurs devoirs respectifs en se pénétrant de notre volonté et à l’exercice des diverses branches de l’administration en harmonie avec les demandes de l’occasion à cet effet. — Que nos sujets jouissent pour longtemps du bonheur de la paix et du repos !

  1. Robert de Caix, dans le Journal des Débats du 1er septembre 1910.