Aller au contenu

Page:Perrinjaquet - Corée et Japon, annexion de la Corée au Japon, traité du 22 août 1910 et ses conséquences.pdf/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CORÉE ET JAPON


Annexion de la Corée au Japon. — Traité du 22 août 1910.
Ses conséquences.

i. — Le voile politico-juridique qui dissimulait la main-mise du Japon sur la Corée vient d’être levé officiellement par l’annexion pure et simple de l’Empire du « Matin calme » à celui du « Soleil-Levant ». Le traité d’annexion, signé le 22 août 1910, a été promulgué à Tokio le 29 août et immédiatement suivi d’un rescrit impérial japonais en date du même jour concernant l’administration du pays annexé et les conséquences diverses de l’annexion. Ce traité est le couronnement de la politique d’expansion poursuivie depuis une quinzaine d’années par le gouvernement du Mikado et consacre l’établissement des Japonais sur le continent asiatique. Le Japon cesse ainsi d’être un État insulaire isolé dans son archipel pour devenir une puissance continentale qui ne manquera sans doute pas d’aspirer à agrandir ses domaines.

Le traité du 22 août 1910 est le résultat d’une longue campagne diplomatique poursuivie avec une incomparable ténacité et avec l’appui des victoires militaires nécessaires pour écarter les opposants. Après avoir vaincu leurs rivaux, les Japonais ont établi peu à peu, d’une façon progressive et continue, leur autorité politique sur l’Empire coréen. L’annexion de la Corée est ainsi pour les hommes d’État japonais, la revanche définitive et complète de l’intervention de l’Europe après la paix de Shimonosaki. Au lendemain de ses victoires sur la Chine, en 1894, le Japon s’était fait céder Formose, les Pescadores et la partie Sud du Liâo-Toung[1], mais il n’avait pu conserver toutes ses conquêtes et à la suite de l’intervention de la Russie, appuyée par la France et l’Allemagne, il avait dû renoncer à ce moment à toute extension sur le continent en restituant le Liâo-Toung à la Chine, moyennant un supplément de 30 millions de taëls sur l’indemnité de guerre (convention du 8 novembre 1895).

Ainsi refoulé dans son archipel par l’immixtion de l’Europe, le Japon ne renonçait pas pour cela à l’espoir de s’étendre un jour sur le conti-

  1. Traité de Shimonosaki du 17 avril 1895.