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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/46

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à travers les cactus

l’Algérie tout entière contre la race juive ; lamentation sans fin, renouvelée à chaque minute, à chaque seconde, dans les grandes villes, dans les villages, dans les moindres hameaux.

Le juif ! oh ! le juif ! La lèvre blêmit quand elle prononce ce nom exécré, la lèvre de l’Arabe comme celle de l’Européen, du Français comme celle de l’Italien et de l’Espagnol. Où est-il donc, ce juif insaisissable ? Tout le monde le maudit, et lui, où est-il ? Où ? On me désignait partout le quartier juif. Mais les habitants ne sortent donc jamais !

Non, jamais ! c’est la sangsue qu’on ne voit pas, mais qui lentement accomplit son œuvre de destruction. Tout s’épuise. Parbleu, le juif est là, caché, qui suce toujours.

Insondable cri d’oppression poussé infatigablement par tout un peuple, voilà ce que dans ma traversée de l’Algérie, à vol d’oiseau, j’ai entendu.

Ce cri était trop fort, trop profond, trop déchirant et trop universel, pour que je passe sans l’avoir noté ici.