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mon n’ait besoin d’eau pour faire ses ablutions avant sa prière. — Mais si ton roi était bien aise de savoirce que c’est que notre reine Viens la voir. »

Yafoûr alla voir Balkamah, et ne put partir qu’à trois heures après midi.

Or, lorsque Salomon s’était assis au milieu de sa troupe, un rayon de soleil tomba sur lui. Le prophète leva les yeux, et au milieu des oiseaux il remarqua que la place de la huppe était vide. « Où est la huppe ? demanda-t-il tout à coup. — Je l’ignore, dit l’afrît ou lutin-vautour, chef des oiseaux ; je ne l’ai envoyée nulle part. » Salomon irrité jura de faire tuer la huppe, si elle ne lui apportait pas une excuse sérieuse. Puis il appelle l’aigle, le roi des oiseaux, et lui ordonne de lui trouver de suite la huppe et de la lui amener. L’aigle part, s’enlève jusqu’au sommet même de l’air, et, là, la terre lui paraissait grande comme une écuelle. Il regarde partout, il cherche, et voilà qu’il aperçoit de loin la huppe arrivant à tire-d’aile. L’aigle plonge sur elle : « Que Dieu te maudisse ! lui dit-il ; que bien eût fait ta mère de te laisser périr lors de ta naissance ! Notre prophète a juré ta mort. »

Ils arrivent au camp de tous côtés on répète à la huppe : « Où es-tu allée ? Le prophète a résolu de te tuer. — Il n’a pas mis de restriction ? dit-elle. — À moins, a-t-il dit, qu’elle n’ait une excuse sérieuse. — Alors, je suis sauvée. » L’aigle conduit la huppe devant Salomon elle approche d’un air humble, la tête et la queue basses, les ailes traînantes par terre. Salomon la saisit par le cou, la tire brusquement. « Où étais-tu ? lui dit-il ; je vais te punir comme tu le mérites. — Prince, reprit tranquillement la huppe, tu es en colère ! Rappelle-toi que tu paraîtras un jour devant Dieu. » À ces mots, Salomon calme : tressaille ; puis d’une voix calme : « Qui t’a retenue aujourd’hui loin de moi ? — J’ai appris et recueilli des choses que tu ne sais pas. Je suis allée jusqu’au fond de l’Yémen, dans la