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FEMMES ARABES

ces observations-là dit le roi au mari. — Ce que j’ai à opposer, le voici : Cette femme a reçu de moi un douaire (don nuptial) complet ; et je n’ai recueilli, en retour, qu’un fils débile, chétif, sans couleur de vie. Juge mes prétentions, et décide selon qu’il te paraîtra convenable. »

Comme sentence dirimante, Imlyk fit prendre l’enfant et le mit provisoirement au nombre des jeunes garçons réservés à son service. Puis le roi dit à Hozeïlah : « Maintenant, à cet homme qui fut ton mari, qui se plaint de n’avoir eu de toi qu’un enfant débile, donne un autre fils, mais sans te remarier ; paye lui ainsi ta dette, par voie excentrique. — L’union, dit Hozeïlah, se doit consentir à la condition d’un douaire ; l’union illicite que tu me conseilles, c’est l’infamie ; je ne veux ni de l’une ni de l’autre. » À cette réplique nette et résolue, Imlyk ordonna de vendre et la femme et le mari, de livrer au mari le cinquième du prix de vente de la femme, et à la femme le dixième du prix de vente du mari. Ce fut alors que Hozeïlah indignée, improvisa ces vers :

« Nous sommes venus demander justice au roi des Tasmides, et une sentence outrageante est lancée contre moi.
« Je le jure par ma vie ! Prince, tu as rendu un jugement inique, tu ne sais ce que c’est que la justice.
« Je me repens d’en avoir appelé à ton autorité. Mais de quoi servent mes regrets ! comment remédier à mon malheur ? Mon mari maudit aussi ta sentence. »

Ces paroles réprobatrices de Hozeïlah soulevèrent la colère d’Imlyk, l’irritèrent contre les femmes djadîcides, et il décréta que désormais, nulle vierge djadîcide qui se marierait ne serait donnée à l’époux, avant qu’elle n’eût été livrée au roi. Il fallut subir cette toi de honte et d’ignominie. La loi s’accomplit jusqu’au temps où se maria Ofayrah-les-Soleils fille d’Ofâr et sœur d’Aswad, personnage puissant parmi les Djadîs.