Page:Perrot, Caillaud, Chambaut - Économies d’échelle et économies de gamme en production laitière.pdf/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans une première étape, la recherche d’itinéraires techniques économes en intrants, que ce soit au niveau de l’alimentation animale ou de la conduite des cultures, permet des gains économiques souvent substantiels car, dans le même temps, les exploitants peuvent prétendre à une bonne productivité du travail permise par la simplicité du système. La dif­ficulté majeure de cette étape réside, pour beaucoup d’éleveurs, dans l’acceptation de résultats inférieurs aux potentialités offertes par la génétique animale et la sélection végé­tale, dans un environnement technique et commercial qui pousse à la recherche de performan­ces élevées.

Une recherche plus poussée d’économie et d’autonomie, allant de pair avec l’optimisation ou le développement d’effets de gamme entre atelier laitier et productions végé­tales au sein de l’exploitation, va souvent conduire à la remise en cause du modèle laitier dominant (vaches laitières de race Prim’Holstein, régime alimentaire à base de maïs, utili­sation massive de correcteurs azotés du commerce). Pour ces exploitations, la recherche d’autonomie s’accompagne souvent d’une baisse, voire de l’arrêt, de la culture du maïs ensi­lage. Ce changement rend possible l’autonomie protéique : l’herbe sous ses différents condi­tionnements est certes moins riches en énergie, mais elle est surtout plus riche en azote. Avec des céréales et des protéagineux dans l’assolement, il devient alors possible de compléter les rations animales : les céréales apportent le supplément d’énergie et les protéagineux corrigent l’éventuel déficit en azote. On comprend aisément que cette évolution soit source de complexification du système et compromette les gains de productivité aux­quels peuvent prétendre les autres exploitations de polyculture-élevage. Lorsque l’exploitation laitière a mis en œuvre tous les leviers déjà cités, la conversion à l’agriculture biologique apparaît alors comme une suite logique pour certaines des exploi­tations analysées. Avec des modes de fonctionnement déjà proches de l’agriculture biolo­gique, l’adoption du cahier des charges ne présente souvent pas de difficulté particulière et permet d’accéder, à l’issue de la phase de conversion, à des prix plus rémunérateurs qui compensent le déficit de productivité.

4.2. Analyse de l’échantillon constant 2 0 0 2 -2 0 0 8 des exploitations de polyculture-élevage du RICA

Une exploration quantitative complémentaire a été tentée à partir de la base de données du RICA. L’analyse porte sur l’échantillon constant 2002-2008, non pondéré, de 279 exploitations de polyculture-élevage laitier du RICA (OTEX « 13 » « 14 » « 60 » « 81 »« 82 », 5 VL et plus, zone de plaine, y compris zone défavorisée simple). Une analyse multivariée (Analyse en Composantes Principales), suivie d’une classi­fication automatique (nuée dynamique avec consolidation), a permis de repérer un groupe d’exploitations qui se distingue nettement de la majorité des exploitations engagées sur des trajectoires de « croissance – intensification » plus ou moins fortes et très payantes sur la période étudiée (2002-2008).

4 groupes d’exploitations ont ainsi été constitués : - deux groupes (Croissance forte, 86 exploitations et Croissance moyenne, 94 exploi­tations) se distinguent par un niveau élevé et une forte croissance de la productivité du travail et un recours accru aux intrants. - un groupe (Décapitalisation, 43 exploitations) est marqué par une réduction signifi­cative d’activité au cours de la période.

24 ■ Notes et études socio-économiques n°37 - Janvier-Juin 2013