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temporaires. Les surfaces en luzerne et prairies artificielles restent cependant très rares6, à peine moins rares dans ce type de fonctionnement en économie de gamme que dans les autres (4 exploitations sur 56 en ont 7 ha ou plus contre 1 ou 2 dans les autres types). Ces exploitations confortent la place relative de l’élevage déjà plus forte : part de SFP dans la SAU stable à hauteur de 42 %, autoconsommation de céréales bien plus développée et en hausse, meilleur maintien de la part de produits animaux dans le produit brut (- 4 % contre - 7 % et - 1 0 %).

Les exploitations en croissance forte, déjà plus intensives (chargement, lait/VL, pro­ duit hors aides/ha SAU) renforcent l’effet de leur croissance foncière par un surcroît d’inten­sification (+ 700 - 800 l/VL, maintien d’un chargement de 1,92 UGB/ha avec des UGB plus productives). Cette intensification est obtenue avec un recours aux intrants plus important, notamment pour l’élevage (+ 38 % d’aliments achetés/UGB).

Sur la période 2002-2008, cette croissance avec intensification s’est avérée très payante mais aussi très efficace, compte tenu du contexte de prix haut en fin de période. Certes, les charges sont élevées, mais la productivité (du travail, des surfaces) l’a été encore plus. Si bien que le taux de valeur ajoutée est même légèrement supérieur dans les types intensifs en forte croissance (sans doute aidé par les bons prix 2008 pour le lait et les cultures) que dans le type « Économie de gamme/Autonomie du troupeau ». Le ratio Excédent Brut d’ex­ploitation/Produit Brut, qui intègre l’effet des aides, l’est encore plus. La productivité du tra­vail (Produit Brut ou Valeur ajoutée/UTA) est nettement plus faible dans le type en recherche d’économies de gamme.

Malgré les conditions de prix de 2008, la rémunération du travail progresse peu dans ce dernier groupe par rapport à 2002 (+ 2 300 euros/UTAF) soit un peu moins que la pro­gression des aides par UTA. Cette progression des aides est plus forte dans les systèmes intensifs en croissance (le niveau d’aides par ha est aussi plus élevé en raison de l’intensi­fication laitière et de l’instauration de l’Aide Directe Laitière) mais la rémunération du travail y augmente aussi davantage grâce à des gains de productivité du travail important (valeur ajoutée par UTA).

La main-d’œuvre des exploitations en recherche d’économies de gamme présente des particularités : elle est stable, comporte davantage de salariés (0,8 UTA contre 0,2 - 0,3 dans les autres groupes). Les chefs d’exploitation sont plus âgés (49 ans). À l’inverse, le groupe d’exploitations en croissance forte est aux mains d’éleveurs plus jeunes (avec un âge moyen de 45 ans en baisse par rapport à 2002 sous l’effet d’un plus grand nombre d’installations), avec une réduction globale de main-d’œuvre sur l’exploitation compensée par une hausse de consommation de services.

L’examen des coûts de production du lait des différents groupes complète l’analyse. Le groupe en recherche d’économies de gamme sur l’alimentation animale dégage la meilleure rentabilité par litre de lait (Résultat courant de l’atelier lait/1 000 l, + 13 € par rapport à la moyenne générale). Mais c’est autant grâce à un prix du lait plus élevé (+ 6 €, du fait de la présence probable de races mixtes, notamment normande, avec des taux butyreux et protéiques plus élevés ; aucun élevage en agriculture biologique en 2008 dans ce groupe) que grâce à un avantage décisif en matière de coût de production ou de prix de revient (- 7 €/1 000 l par rapport à la moyenne, - 17 €/1 000 l par rapport au /groupe en forte croissance).

6. Le RICA semble néanmoins mal représenter la sole de luzerne + prairies artificielles française. Après extrapolation, on ne trouve dans le RICA2007 qu’un peu moins de la moitié des surfaces recensées dans l’enquête Structures 2007 (350 000 ha). Et un tiers dans le RICA 2008.

26 ■ Notes et études socio-économiques n° 37 - Janvier-Juin 2013