Page:Perrot - La Grève de Pordic ou la Pordicane, 1872.djvu/18

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Ne nous jette aux écueils, dans la maison flottante,
Où voyageurs sur l’eau nous fixons notre tente.
Détournez ce malheur, Dieu bon du haut du ciel,
Et sur nos durs travaux versez un peu de miel.
Voyez : nous quittons tout, parents, amis, patrie ;
À la merci des flots nous livrons notre vie.
Ah ! si sur nous, grand Dieu ! ne veille votre main,
Ce jour même pour nous sera sans lendemain.
Les gouffres sont creusés et les écueils attendent,
Si vos Anges sur nous veillants ne nous défendent ;
Si vous ne dites pas : à la mer, calme-toi ;
Au vent, ne souffle plus ; bientôt glacés d’effroi
Par les flots soulevés de la mer écumante,
Nous flotterons au gré de l’affreuse tourmente.
Oui, ah ! prenez pitié, Seigneur ! trois fois pitié
Du pauvre matelot sur mer aux flots livré.
Mesurez pour sa voile un vent toujours prospère,
Et qu’il revienne au toit de son pauvre vieux père.

Dira-t-on que je prête aux matelots Bretons
Ce qu’ils ne pensent pas ; que nous leur supposons
Pour prier leur bon Dieu, une docte manière,
Aux hommes de leur rang nullement familière ?

En parole, il est vrai, d’accord, ils ne sont pas