Aller au contenu

Page:Pert - Cady mariee.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Georges ! répéta-t-elle doucement, la tête un peu penchée sur son épaule, le regard vague, s’abandonnant à la joie inattendue qui l’emplissait et la bouleversait délicieusement.

Et affluaient en elle, l’inondaient, les multiples rappels des heures d’enfance, puériles, perverses, inoubliables, qu’elle avait passées en cachette avec le petit garçon d’alors, fils d’une demi-mondaine habitant l’appartement voisin de celui de ses parents.

Georges !… Le gamin aux boucles blondes, au teint de lait, aux grands yeux candides, au naïf langage pourri d’argot, aux sens déjà éveillés, à l’esprit irrémédiablement souillé par tout ce qu’il entendait, voyait, sentait, frôlait dans la chambre et le cabinet de toilette de sa mère, au contact de la soubrette-effrontée, des amies sans pudeur… Georges ! son frère, son enfant, son petit amant si cher !… L’unique, véritable et profond amour de son adolescence précoce… Georges !… qui avait fui de son horizon pendant une nuit d’angoisse, tout auréolée de sang et d’horreur…

Elle se rappelait, frémissante, le baiser d’adieu qu’ils avaient échangé dans sa chambre, à deux pas d’un cadavre… Elle entendait la petite voix émue et résolue du garçonnet lui