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Page:Pert - Charlette.djvu/143

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— Ne dirait-on pas que je suis employé au Louvre ou au Bon-Marché, mademoiselle ?

Elle répondit sérieusement, la pensée bien loin :

— En effet.

Hallis parti ! — Sans un mot, sans avoir cherché à la revoir ! — Parti, insouciant, sans doute l’ayant oubliée… elle, qui pendant les dix jours qui venaient de s’écouler n’avait eu en elle, devant sa mémoire, devant ses yeux, que l’image de cet homme…

Elle avait cru le haïr ; cent fois, elle s’était persuadée d’avoir réussi à le chasser de son âme. Elle avait frémi de terreur à l’idée de le revoir, frissonné à chaque porte ouverte, à chaque passant croisé dans la rue, croyant sans cesse l’apercevoir… cruellement désappointée et pourtant soulagée de ce désappointement… souhaitant et craignant sa présence, appelant et repoussant le souvenir de cette minute où l’étreinte, le baiser d’amant de Jean l’avaient soudain arrachée à la paix de l’enfance. — Et voici qu’à la certitude qu’il était loin, très loin, pour un temps sans doute indéfini, à cette cruelle affirmation de son indifférence, elle sentait quelque chose s’écrouler en elle… Voici qu’elle s’apercevait que, seule, elle avait fait un rêve… voici qu’elle. devait reconnaître que son trouble, sa fièvre, son bouleversement n’avaient point été partagés !…

— Charlette, atteignez-moi ce petit bronze, je vous prie, dit madame Lechâtelier.