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Page:Pert - Charlette.djvu/18

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cou de M. Samela comme vous faisiez étant gamine !…

Charlette se rebiffa :

— Dis donc, tu es ma bonne, mais pas ma gouvernante, tu sais !… J’en ai eu trois, et elles m’ont assez embêtée !…

— Sans vous donner des manières, ça c’est vrai ! riposta le domestique avec son bon sourire de brave homme. Eh bien, descendez, ajouta-t-il, en ouvrant la portière du fiacre qui s’était arrêté au coin du boulevard de Courcelles et de la rue Legendre, devant un bel immeuble arrondissant ses vastes baies vitrées sur le carrefour du petit temple à colonnes où aboutissent les rues de Thann, de Phalsbourg et de Logelbach.

Toute pâle, Charlette ne bougeait plus, blottie dans la voiture comme un oiseau au fond de son nid.

— Augustin, j’ai peur, murmura-t-elle d’une voix faible. Il me semble qu’il y a un malheur à la maison… Quelque chose, je ne sais pas quoi… papa, maman… Oh ! j’aurais voulu les voir tout de suite… ensemble !…

Augustin eut malgré lui un coup d’œil furtif à la riche maison, aux pierres blanches rigides, aux fenêtres hermétiquement voilées de stores de soie et de dentelles. Et, lui qui savait tant de tristes secrets sur cette famille, sur la splendide Isabelle