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Page:Pert - Charlette.djvu/195

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qui dominait en lui ; il s’était persuadé qu’il aurait pu aimer quand même l’enfant, la sachant issue d’un autre sang…

— Pourquoi l’ai-je quittée ?… Comment, elle née, ai-je pu partir ?… Comment ai-je pu me résoudre à la perdre de vue ?… Si tous les instants de son enfance s’étaient passés auprès de moi, si jour par jour, heure par heure, j’eusse suivi ce petit être, nos fibres eussent été si bien mêlées que rien n’aurait pu les détacher… non, pas même l’horrible certitude…

La voix douce de Charlette le tira de son rêve.

— Puis-je m’en aller, père ?

Il fixa ses yeux dans ceux de la jeune fille.

— Oui, va ! dit-il lentement, navré de ne plus trouver dans les regards de Charlette le désespoir, la révolte qu’il y avait vus quelques mois auparavant.

Il ne pouvait plus aimer cette enfant… et sa tendresse à elle aussi s’était lassée… tous deux étaient bien seuls, désormais séparés à jamais…

— Ah ! Charlette, prononça-t-il encore, la voix altérée, ne te marie pas à la légère !… et, si tu te maries, demeure irréprochable !…

Elle hésita sur le seuil, sentant que c’était bien le dernier adieu paternel ; puis, elle sortit, ne trouvant plus en son cœur mélancolique un élan de désespoir suffisant pour risquer de nouveaux déboires.