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Page:Pert - Charlette.djvu/81

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et d’âme, ce lui était — ainsi qu’il l’avait dit à Charlette — une jouissance rare, inouïe, de rencontrer une admiration sincère, une émotion véritable… un être conquis par la pensée, la création de l’écrivain.

Du reste, cette satisfaction ne devait pas être de longue durée dans l’esprit sceptique de Hallis.

— Bah ! se dit-il, c’est en somme la fille de Belle… Ses petits sens s’agitent à son insu, et c’est probablement moins ma prose qui l’émeut que la vue du beau garçon et de la jolie fille s’étreignant sur la scène !…

Cependant, comme même en admettant cette explication de l’émotion de Charlette, sa naïveté, et sa nature expansives étaient indéniables, Jean souhaita vivement se faire jouer par elle le spectacle d’une âme sincère aux prises avec la passion ; drame qui seul le tentait dans l’amour.

— En trois entrevues, je rendrais cette petite éperdûment amoureuse, réfléchissait-il. Et, si elle a déjà lu mes livres, ce doit être probablement fait.

En calculant ainsi, il ne cédait à nulle sotte vanité. Il avait mesuré depuis longtemps le peu de valeur de ce qui le rendait irrésistible pour toute femme, et il n’en tirait vis-à-vis de lui-même pas plus de gloire que de ses succès d’écrivain.

La pièce terminée, fuyant l’ovation préparée par de fidèles satellites, tout en satisfaisant suffisamment