manque de cœur des siens à son égard ; mais, il lui avait souvent parlé du profond déboire de son existence le talent, après lequel il avait couru inutilement pendant des années, et qu’il désespérait aujourd’hui d’atteindre.
— Quant à la célébrité, ma petite, il y a longtemps que j’en ai fait mon deuil. — C’est pour de plus malins que moi. — Mais, si j’avais produit une œuvre, si je croyais pouvoir en produire une un jour qui me contentât, moi et trois ou quatre personnes en qui j’ai confiance, je mourrais content. Mais, Samela, tu as fait des choses très bien disait Charlette un peu embarrassée, car son instinct artistique remarquablement développé · lui montrait l’indéniable médiocrité des œuvres de son ami.
Il secoua la tête.
— C’est propre, c’est consciencieux, comme on dit… Mais il n’y a rien ! rien ! — Je ne suis ni un vaniteux ni un ambitieux, ce n’est pas la gloire que je regrette, ni, certes, la fortune. — Cependant, c’est dur, je t’assure, quand on n’a eu qu’un but dans la vie, quand on s’y est donné tout entier comme moi, de le manquer, de se sentir condamné à la platitude éternelle ! — Condamné, comprends tu ?… à la perpétuelle déception après l’effort !… Ah ! j’en ai pourtant fait de l’ouvrage, donné des coups de collier ! — Parfois, j’espérais…