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Page:Pert - L Autel.djvu/116

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sauvage, découvrant la naissance du ventre audacieusement nu. Le torse blanc, mince et vigoureux, à l’épiderme délicat, complètement glabre, ou soigneusement épilé, apparaissait presque entièrement sous le haïck de soie blanche dont il s’était drapé avec un art tout oriental. Sur sa tête, un autre haïck formait turban et retombait en arrière.

Il expliqua :

— Ce sera l’affaire du coiffeur de modifier ma tête brune en blond, mais puisque c’est aussi votre avis, mon cher auteur, je romprai résolument avec l’absurde tradition qui revêt le Christ du costume et le coiffe des longs cheveux des chrétiens gaëls et celtes du deuxième ou du troisième siècle… je ferai de votre léssous, le juif oriental qu’il devait être. Le digne partenaire de cette incomparable Magdala que voici, ajouta-t-il en se tournant vers Mady avec un incroyable mélange de galanterie, d’effronterie et d’impudente vanité.

Il étalait sa beauté comme si elle eût été à vendre. Droite, immobile, ses bras pendant le long d’elle, Mady le considérait avec une apparente froideur un peu méprisante que démentait l’imperceptible frémissement de ses narines.

Non qu’à cet instant cette chair d’homme l’émût sensuellement ; mais elle devinait le vouloir du célèbre comédien de la séduire, et, quoi qu’elle en eût, elle était flattée. Jacques mettait à ses pieds mieux qu’un désir banal, mais l’enivrement de tous ses succès. Il semblait à l’artiste fougueuse qu’elle était, que de lui émanât l’indicible griserie des applaudissements frénétiques qu’il commandait à son gré.

— Commençons-nous ? fit-elle avec une certaine brusquerie.

Et elle jeta la brochure à La Boustière.