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Page:Pert - L Autel.djvu/130

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peur lancinante la hantait, qu’il ne cédât à la tentation, auprès d’autres femmes, jolies et valides…

Julien s’exclama :

— Ah ! voilà ! — Cette terreur imbécile des femmes !… Cette puérilité d’attacher une importance capitale à un geste !…

Madame Féraud riposta avec chaleur :

— Comment pouvez-vous leur reprocher ce sentiment, puisque c’est justement celui qui vous les livre, qui fait qu’elles se donnent complètemet, qu’elles s’annihilent en vous !… Est-ce qu’elle vous aimera vraiment de cœur et de sens, la femme qui admettra le partage ?… qui estimera « geste », ainsi que vous dites odieusement, cet acte immonde, si on le réfléchit, s’il n’est pas enveloppé de la suprême illusion que la femme tisse autour de lui ! Suzanne voulait son mari tout à elle, et pour le garder, pour le ramener, il était fatal qu’elle commettrait toutes les imprudences ! — Il était coupable, criminel à vous, chirugien, qui étiez aussi l’ami, le confident de ces jeunes gens, de ne pas envisager la situation aussi bien au point de vue moral que physique !… Il fallait être aveugle pour ne pas prévoir l’impossibilité pour ces deux amants de réaliser l’état de calme, d’observer l’hygiène raisonnable que vous disiez indispensable à la guérison de celle que vous blessiez !…

Un peu ému par la véhémence et la conviction de l’apostrophe de madame Féraud, Julien répondit avec hésitation :

— Vous exagérez… et le mal, et ma faute… En définitive, le chirurgien ne peut pas être un psychologue aux aguels… Son rôle est matériel et restreint… C’est aux malades et à ceux qui les entourent qu’il appartient de faciliter, de compléter sa mission… En cette occasion, je crois avoir fait mon devoir, tout mon devoir