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Page:Pert - L Autel.djvu/173

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Madame Féraud eut un geste.

— Ah ! oui, voilà, murmura-t-elle, plutôt pour elle-même. Voilà cet esclavage de l’épouse, de l’amante, que la maternité n’a pas libérée rejetée dans un autre esclavage, au moins plus logique.

Suzanne l’avait entendue.

— Oui, c’est vrai, reconnut-elle. J’aime Robert avec toute l’ardeur, tout le dévouement et l’abnégation que j’aurais pour un enfant… mais si cela est bien douloureux, c’est bon aussi !… Et, d’ailleurs, cela est nécessaire…

Madame Féraud nia avec énergie.

— Non !… cela est faux, au contraire !… Le petit être né de la veille, faible, incapable de défense, a besoin de tout l’amour, de toute l’âme, de tout le sang de sa mère pour vivre et se développer, mais l’époux n’a point le droit d’exiger le sacrifice d’une individualité ! Et, comme tout ce qui n’est pas juste et rationnel, celui-ci n’obtient que des résultats désastreux… Vous avez repoussé la maternité pour rester uniquement à votre mari, et votre union se détruit quand même, parce que le lien amoureux de l’homme et de la femme est naturellement éphémère et que, quoi que vous fassiez, vous ne retiendrez pas entre vous ce vertige voluptueux, qui ne peut avoir qu’un temps, qui n’est qu’un incident dans la vie humaine…

Suzanne protesta.

— Alors, vous admettez que cet amour qu’il m’avaiț donné, il le porte à d’autres, sans que moi, j’en souffre, je m’en désespère ?…

— Certes, non ! Je voudrais que tous deux vous acceptassiez avec calme de ne plus faire de l’amour le but, la préoccupation essentiels de votre existence… Ce qui me désole, c’est de voir les êtres se refuser à vivre de la