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Page:Pert - L Autel.djvu/185

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qu’il lui lisait, elle avait assisté à l’éclosion de tout ce que Robert avait écrit. C’était un de leurs meilleurs liens. Tant de fois, il avait répété à la jeune femme, doucement ravie, que sa présence devinée plutôt que sentie lui insufflait une ardeur, le préservait des découragements, de ces mille hantises quasi superstitieuses qui s’abattent sur les cerveaux surchauffés, déséquilibrés par l’effort créateur.

— Et maintenant, c’était fini ; il la chassait !…

Il essaya d’expliquer.

— Tu comprends, ce n’est plus un travail cher et libre comme autrefois. Je vais être obligé de concentrer toutes mes forces pour produire en quelques jours une besogne qui demanderait des mois de labeur normal… Rien qu’à cette idée, je me sens les nerfs à vif et je craindrais…

Elle l’interrompit :

— Bien, bien, va…

Il hésita, se pencha, l’embrassa avec une tendresse un peu factice, ou transparaissait une pitié légèrement impatientée.

— Tu ne m’en veux pas ?

— Mais non, articula-t-elle faiblement.

Il se détourna et alla s’enfermer dans son cabinet.

— À présent, l’habitude sera prise ! pensa-t-il, soulagé.

Lorsqu’il s’agit de production littéraire, l’on ne saurait se raisonner. Jadis, la présence de Suzanne lui était un stimulant ; à l’heure actuelle il se sentait incapable d’écrire une seule ligne devant elle. Le simple geste qu’elle avait fait pour l’accompagner le jetait dans une irritation violente, irraisonnée, insurmontable.

D’ailleurs, après avoir feuilleté le plan de Chaîne conjugale — un titre qu’il prit soudain en dégoût — une des-