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Page:Pert - L Autel.djvu/237

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bien que je ne le pourrais pas ! Mais, quand même, à force de me commander, de me diriger… je vous écouterais… Oh ! oui, de tout mon cœur, de toute mon âme !… et vous parviendriez, je vous le jure, à faire de moi celle qu’il vous faut pour créer votre œuvre.

Un sourire involontaire et pourtant attendri montait aux lèvres de Robert devant tant d’ardeur et d’inconscience.

— Pauvre petite Cécile ! laissa-t-il tomber.

D’un geste spontané, adorable parce qu’elle était très jeune, jolie et sincère, elle se jeta à genoux devant lui, saisit les mains du jeune homme, les ramenant sous ses lèvres, d’un mouvement passionné.

— Oh !… dites oui !… Prenez-moi !… je serais telle- ment… oh ! oui, tellement à vous ! balbutia-elle d’une voix étouffée.

L’équivoque de ces termes qu’elle prononçait en toute candeur chatouilla brusquement les sens du jeune homme. Il se pencha et l’enlaça pour la relever.

Voyons, ne restez pas ainsi à genoux, c’est ridicule !

Puis, lorsque debout, chancelante, elle le frôla de sa poitrine frêle, mettant la grâce souffrante de son visage de fillette anémiée sous les lèvres de l’homme énervé, il l’étreignit soudain violemment, murmurant à son oreille des paroles de désir.

Elle ne répondit pas, étourdie, s’abandonnant passivement à une volonté qu’elle adorait.

Le lit même de Madeleine Jaubert les reçut…

Et, jamais mieux qu’en la paix triste et solennelle de ce lieu presque funèbre, jamais mieux qu’en cette possession suprême, brutale, sans ménagement d’une chair vierge, délicate et soumise, d’une âme volontairement prosternée, anéantie, il n’avait goûté le triomphe éperdu,