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Page:Pert - L Autel.djvu/256

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pliquée et bizarre se couvrait heureusement de la magnifique verdure d’une aristoloche monstrueuse.

À l’encontre de l’habitation de madame Galletier, toute resplendissante d’ors, de glaces, de tissus clairs, largement exposée au soleil, aux brises de mer, ici, tout était clos, sombre, mystérieux. On se mouvait dans une ombre fraîche que l’on devinait très encombrée de tentures et de bibelots.

Madame de Mamers expliqua :

— C’est la « folie » jadis donnée par le prince italien, et qui abrita ses amours avec la belle Aïscha, comtesse Piazza, aux environs de 1874 ou 1875…

Ce furent, durant de longs moments, des allées et ve- nues sans nombre de soubrettes qui galopaient à pas de souris sur les nattes et les tapis, semblant fouiller tous les recoins de la demeure pour y trouver ses habitantes.

— C’est toujours laborieux de se faire annoncer ici, remarqua madame de Mamers.

Enfin, une ombre majestueuse se profila dans l’embrasure de la porte ; tandis qu’une grosse voix éraillée, zézéyante et cordiale souhaitait la bienvenue à la visiteuse.

— Au nom du ciel, Aïscha ! s’écria Valentine, laissez pénétrer un peu de jour dans votre nécropole !… J’ai quelqu’un à vous présenter, et il est indispensable que vous distinguiez son visage !…

Le rire de la comtesse Piazza sonna dans l’obscurité.

— Je vous assure que l’on se fait très bien à ce demi- jour qui est si reposant pour la tête et les yeux…

Néanmoins, par condescendance, elle tira on ne sait quelles ficelles ; des draperies s’écartèrent ; des stores se soulevèrent. Quelque clarté se glissa ; les visages, les personnes émergèrent de l’ombre.

La comtesse n’était autre que la grosse femme peinte