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Page:Pert - L Autel.djvu/259

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brune, à la peau ambrée, aux larges yeux noirs veloutés et ardents, au masque remarquablement mobile et expressif. Sans être jolie, elle possédait un indicible charme sensuel dont elle usait et abusait.

Elle sourit — et son sourire était délicieux, découvrant des dents un peu grandes, mais qui avaient une beauté naturelle préférable aux grains de riz douteux de la comtesse sa mère.

— Excusez-moi, ma bonne amie ! dit-elle à Valentine, en se haussant sur la pointe de ses petits pieds pour enlacer et embrasser la belle femme robuste qui la faisait paraître par contraste encore plus menue et gracile. Je suis enchantée de vous voir, mais j’étais plongée en une besogne qui m’intéresse passionnément… C’est pourquoi je me suis fait tant prier.

Et, sans s’occuper le moins du monde de Robert Castély qui, le chapeau à la main, contemplait avec curiosité les deux femmes et le matelot toujours assis, tournant tranquillement son béret entre ses doigts, mademoiselle Léoni amena son amie devant le « sujet. » )

— Hein ! est-il beau ? s’écria-t-elle avec une impétuosité, une exubérance qui atténuaient l’inconvenance de son admiration. Et si vous voyiez son torse !… C’est un dieu !…

Le jeune matelot souriait, nullement gêné, un rien narquois, considérant tour à tour Robert, madame de Mamers et l’actrice.

La directrice du Théâtre-Moderne continuait avec le même feu :

— Un mois encore d’exercices d’assouplissement, et je le mets tout de suite à même un rôle… un grand premier rôle !… Oh ! il me faut pour lui quelque chose de spécial, naturellement… Mais je prédis un de ces succès !…