Pour que l’équilibre se rétablisse en elle, vous lui ordonnez, c’est vrai, le calme, l’immobilité, le repos complet, moral et physique… Mais si elle ne peut y atteindre à ce repos que lui commandent vos prescriptions dérisoires !… Et, justement, elle n’y parviendra point ! Ne serait-ce qu’à cause de ce fait irrémédiable que tout en elle est désorganisé, bouleversé, précisément par l’acte antinaturel qui s’est accompli en elle. À la suite de cette épreuve, son esprit, ses sens chavirés échappent au contrôle de sa raison… Il lui est impossible de commander à ses nerfs, c’est-à-dire à ses impulsions, à ses émotions, à toutes les impressions lui venant du dehors et qu’elle n’a plus la vigueur de coordonner… Ainsi que vous me l’avez dit une fois, vous croyez que le rôle du chirurgien cesse à partir de l’heure où est terminée l’opération ; c’est à la malade de se soigner ensuite. Et c’est elle seule que vous incriminez si vos recommandations ne sont pas suivies… Est-ce de sa faute, pourtant, si elle est dans un état qui ne lui permet plus de se diriger et de se contraindre ?… Etat que vous avez créé ! Fatalement, votre malade ira au-devant, d’une façon ou d’une autre, de l’imprudence qui entravera sa guérison, qui lui apportera des désordres profonds ou rouvrira la plaie volontairement faite par votre main. À la suite de la première hémorragie qui a failli emporter Suzanne, vous savez qu’elle en a eu plus de dix autres… moins graves, il est vrai, mais dénotant néanmoins que tout est déséquilibré en elle… Et actuellement, elle est sous l’empire tyrannique d’un malaise latent qui maintient un trouble perpétuel dans son esprit. Ce n’est plus la femme de jadis. Elle vit dans une perpétuelle exacerbation mentale causée par l’irritation de ses organes intimes, qui la livre sans défense à des émotions exagérées, soit dans le plaisir, soit dans la douleur. Incapable de se