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Page:Pert - L Autel.djvu/288

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point été vaincue par la supplication de toute son âme offerte.

— Ah ! que vous êtes folle et stupide ! s’écria-t-il avec un âcre dépit.

Le regard grave de la mère alla de la petite malade endormie à la silhouette de l’aînée des fillettes qui pêchait tout là-bas dans les vasques rocheuses toutes recouvertes de goémon visqueux, dont la senteur pénétrante et âpre emplissait l’air, maintenant, remplaçant les molles langueurs des minutes précédentes.

— Je vous ai dit que je ne m’appartenais plus.

Il supplia encore, tout son orgueil abattu.

— Mais, puisque je vous affirme que je serai un ami sincère pour ces enfants… Puisque je vous jure de respecter religieusement leurs droits auprès de vous… Que j’accepte de venir bien loin derrière elles dans votre cœur, de n’occuper qu’une petite place à vos côtés… Vous me donnerez de vous, de vos pensées, de votre présence ce que vous voudrez, ce dont vous pourrez disposer, je m’en contenterai, je vous en serai reconnaissant.

Madame Féraud secoua la tête.

— Tout cela, ce sont des paroles inutiles, du rêve, dit-elle doucement. Ni moi ni vous ne pourrions, une fois mariés, maintenir notre affection dans les bornes que vous indiquez… Mon ami — le seul ami que j’aie eu dans ma vie — je vous le dis, je ne serai jamais votre femme, et vous devez bien comprendre que ceci est irrévocable. — Je crois que ceux qui ont des enfants ne doivent pas se remarier. Le remariage d’un père est un désastre pour ses enfants, celui d’une mère est un crime envers eux. Je suis fille d’un père remarié. Ma mère était morte lors de ma naissance. J’ai été élevée entre mon père et ma grand’mère paternelle sans jamais m’apercevoir du vide de la présence maternelle manquante.