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Page:Pert - L Autel.djvu/316

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— En trois heures, grande allure, je suis rendue à Paris, avec retour chez moi dans la même journée, ou le lendemain matin, à ma guise. Aussi, l’achat de cette automobile m’a fait modifier mes habitudes du tout au tout… Plus d’hôtel, désormais, ni de garçonnières clan- destines… un pied-à-terre à demeure… Ce sera infini- ment moins compromettant et beaucoup plus commode… n’est-ce pas votre avis, cher ?…

Robert acquiesça avec une vivacité surtout polie :

— Je crois bien !

Pourtant, il faillit ne pouvoir dissimuler son irritation, lorsque la belle dame lui apprit, triomphante autant. que folâtre :

— Et ce pied-à-terre, où le situons-nous, s’il vous plaît ?… Juste dans la maison, avenue de l’Alma, où se trouve ton nouvel appartement… où ta femme t’attend en ce moment…

Le sang brusquement monté aux pommettes, il balbutia rageusement :

— Comment, tu as ?…

Elle acheva :

— J’ai loué un entresol dans la cour. J’ai installé cela en pensant à toi tout le temps… c’est absolument exquis !

Robert se laissa aller sur les coussins de l’automobile.

— Allons, c’est complet ! pensa-t-il en cachant de son mieux son dépit et sa consternation.

Ah ! qu’aujourd’hui il était loin, l’emballement à fleur de peau qui, le premier soir de leur rencontre, lui avait fait trouver Valentine belle et désirable !

Maintenant, il ne voyait d’elle que son âge, décidément mûr, ses cheveux teints, la lourdeur de son corps aux muscles d’écuyer ou de gymnaste, et surtout son répugnant cynisme, doublé d’une exaspérante sentimentalité sensuelle.