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Page:Pert - L Autel.djvu/322

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tionnaires de l’Etat, m’apportât en dot une fortune au moins égale à la mienne.

— Pas d’enfants ?

— Non.

— Vos débuts dans la carrière dramatique eurent bien lieu au Théâtre-Moderne ?

— Oui. J’ai connu immédiatement le succès…

— La gloire et la fortune !

Robert fit un geste négligent :

— Cela va ensemble. — Oui, mes débuts furent particulièrement brillants, mais il faut dire que, courageusement, je m’étais réservé durant plusieurs années, résistant à la tentation de soumettre au public des pièces incomplètes, trahissant l’inexpérience du débutant…

Enchanté, le jeune homme sténographiait avec rapidité, son bloc-notes appuyé sur son genou relevé.

— Parfait ! parfait !… Quelle prudence ! Quelle maîtrise de soi !… Et quelle leçon pour les jeunes auteurs toujours trop pressés de se faire connaître.

Les paupières demi-closes, le visage impassible, Robert revoyait rapidement, en opposition avec le tableau qu’il s’efforçait de tracer, la réelle lutte amère de huit longues années d’obscurité et d’âpre combat, les vains efforts pour se faire jouer… tous les dessous écœurants de sa lente et pénible montée.

Le journaliste relevait la tête, attendant la suite du récit.

Castély chassa les images importunes qui le hantaient et poursuivit, choisissant ses mots :

— C’est une erreur absolue de se présenter devant le public insuffisamment préparé et surtout sans avoir trois ou quatre autres œuvres toutes prêtes à voir le jour. Lorsque j’ai consenti à donner ma première pièce à mon ami Lombez, qui l’exigeait pour ouvrir sa salle, je