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Page:Pert - L Autel.djvu/329

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Robert l’interrompit avec impatience.

— Je ne vois aucun de ces gens-là parmi les auteurs en vogue !… et je ne saurais constater aucun succès dû uniquement à l’arrivisme, c’est-à-dire aux procédés que vous indiquez ! déclara-t-il péremptoirement.

Et le journaliste devenu muet, il pontifia avec solennité :

— Tout cela, c’est de la légende qu’il faut laisser aux envieux, aux blackboulés… Certainement tous, nous usons, nous devons user de la publicité, nous sommes de notre temps et nous nous en faisons gloire, mais il y a un véritable enfantillage, un déplorable snobisme à accuser la génération littéraire actuelle de vouloir parvenir par combinaisons, et autrement que par la force de son talent, de son labeur acharné, consciencieux et de sa réelle valeur !… Ce qui entretient ces mauvais bruits, je le répète hautement et avec une sincère indignation, c’est la foule des mal doués, des paresseux, des incapables, jalousant les intelligences supérieures ! Mais, monsieur, si l’arrivisme était roi, s’il dispensait d’avoir du talent, pourquoi donc y aurait-il tant de ratés ?… Tous, en bonne logique, devraient atteindre les suprêmes sommets de la gloire ! — Non, non l’arrivisme est un terme saugrenu et vide, et parmi les écrivains entourés de la bienveillance et de l’admiration du public, il n’y a pas d’arrivistes !…

Le journaliste ponctua d’un trait énergique la fin de cette tirade qu’il avait sténographiée.

— Mon cher maître, je vous remercie infiniment ! s’écria-t-il d’un ton pénétré de reconnaissance.

Castély lui serra la main avec condescendance.

— Vous me montrerez les épreuves de votre article ?

— Oh ! c’est trop juste ! s’empressa d’acquiescer le jeune homme.