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Page:Pert - L Autel.djvu/39

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ment. Quant à moi, vous m’entendez, mon cher, je suis à bout… On me demanderait d’assassiner un homme, si la réussite était derrière son corps, je marcherais !…

À bout de forces, à bout de patience, elle aussi, comme lui !…

Il prononça, la voix altérée :

— Enfin, qu’est-ce qui est en train ?… Car, depuis quinze jours, vous ne me parlez que par énigmes.

Le paravent s’écarta, Mady parut en corset, agrafant sa jupe de drap noir collant aux hanches, sans coquetterie ni impudeur, tout à la fièvre qui la possédait et gagnait son interlocuteur.

— Sur la table… Lisez la dépêche que je viens de recevoir de Gaston Lombez.

Le jeune homme se jeta sur le papier, sans un regard de curiosité pour l’actrice qui, à présent, enfilait les manches de son corsage très simple, noir, échancré sur du drap blanc brodé de soie noire, fileté d’or et d’un minuscule biais de velours vert.

Elle était grande, d’une minceur extraordinaire, sans hanches, sans poitrine. Et, pourtant, nulle maigreur, un idéal étirement de lys mystique. La beauté étrange de son visage surmontait et complétait ce corps énigmatique d’éphèbe et de vierge. Un front bas, d’une pâleur éclatante, ombragé de cheveux noirs caressés de lueurs métalliques artificielles, un nez long et mince aux narines mobiles, des lèvres étroites, impérieuses, qui, dans le sourire, s’épanouissaient voluptueusement, enfin des yeux sombres, d’expression changeante et profonde, lui composaient un masque de tragédienne moderne née.

C’était l’idéal physique des héroïnes névrosées, inquiétantes et complexes à l’infini des œuvres dramatiques du siècle, dont elle avait également les nuances déconcertantes de gaieté enfantine soudaine, presque candide,