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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/112

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Secrètement émoustillée, sa vanité chatouillée. par l’attention de cet homme important, se laissant emporter par mille rêves ambitieux, Mlle Armande affectait une humilité et une candeur…

— Un amoureux, moi, grand Dieu ?… Où et quand l’aurais-je pris ?… Je suis une modeste travailleuse et aucun beau monsieur n’aurait voulu descendre jusqu’à moi !

— Ta, ta, ta !… Il n’y a pas que les beaux messieurs qui font battre le cœur des jolies filles !…

Elle repartit avec vivacité :

— Ah ! monsieur, vous m’appellerez peut-être orgueilleuse, mais je vous avouerai que j’ai toujours eu une répulsion pour les hommes de ma classe !… Paysans lourdauds, quand j’étais paysanne… Universitaires gourmés, gauches et pédants, lorsque je suis montée à ce degré !…

— Bigre !… Que vous faut-il donc, un prince ?… Un adolescent paré de toutes les séductions ?

Elle fit un geste coquet.

— Oh ! peu m’importe la jeunesse !… Et je ne me soucie guère des titres !… Moi, c’est l’homme fait, l’homme arrivé grâce à son talent qui m’intéresse et m’attire.

Cyprien sourit à cette invite trop directe.

— Vraiment, ma belle enfant ?

Elle rougit, comprenant qu’elle était allée un peu loin.

— Entendons-nous, rectifia-t-elle. C’est, de ma part, une admiration toute platonique…

Il fit la grimace :

— Oh ! le platonisme !… ça n’est guère mon affaire !…

Et, avec le sentiment qu’il pouvait brusquer les choses :

— Dites-moi donc, mon enfant, je voulais vous poser une question. Quels appointements ma femme vous a-t-elle offerts ?