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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/141

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Le miaulement grave, pénétrant, déchirant d’un félin de forte taille, ponctué de petits cris aigus, féroces, et de coups sourds répétés, impatients, que l’on eût dit frappés par la queue d’un tigre courroucé, emplissait la quiétude de la chambre aux rideaux fermés où le jour de huit heures ne pénétrait que faiblement.

Ce bruit partait du lit de Cady tout à fait invisible ; la couverture ondulait, s’agitait par brusques tressauts, comme si plusieurs animaux se fussent entre-dévorés là-dessous.

L’institutrice, complètement réveillée, s’exclama avec un mécontentement inquiet :

— Cady !… Que vous prend-il ?

Subitement, la couverture se rabattit et la tête échevelée, aux yeux brillants, de Cady apparut.

Elle grinça des dents et roula des prunelles terribles.

— La panthère ! C’est la panthère ! Garde à vous !

Et s’élançant d’un saut sur le tapis, la fillette, en chemise de nuit, cabriola, souple, frémissante, féline, miaulant, grondant, courant à quatre pattes, comme prise de folie.

Puis, lasse du jeu, elle se releva, gambada, courut tirer les rideaux, enleva sa chemise de nuit avec tant de précipitation que celle-ci se déchira du haut en bas, et, d’un bond, elle vint s’étendre sur son lit, entièrement nue, sa gracile poitrine palpitante, ses fins cheveux de soie épars autour d’elle.

— Mademoiselle Armande, déclara-t-elle d’un ton bref, je vous avertis qu’aujourd’hui vous ferez bien de vous montrer docile, de m’obéir sans observation et de ne vous épater de rien, car ça va barder !

L’institutrice semblait dans un mauvais jour. Maussade, les sourcils froncés, la bouche pincée, sans un coup d’œil aux ébats de son élève, elle se levait et passait ses vêtements, avec des gestes agacés et agressifs.