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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/182

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L’on n’a pas idée de faire courir ainsi une femme comme il faut !… Vous pouvez vous le dire, c’est bien la dernière fois que je mets les pieds ici !…

Et passant dédaigneusement devant le bras que l’homme incliné lui tendait, elle franchit les marches du perron d’un pas de reine outragée. Il suivait, balbutiant d’humbles excuses. La porte se referma derrière eux.

Et voilà, conclut Emile en remettant l’auto en marche. La séance ne finira que vers quatre heures.

Cady trépignait, gagnée par une folle hilarité.

— Oh ! ce vieux ! ce vieux !… Et Paulette ! Que c’est farce !…

Georges se dégagea impatiemment de la couverture.

— Va-t-on bientôt déjeuner ? J’ai faim.

Ils étaient arrivés auprès des communs. Emile remisa l’auto, et alluma une cigarette.

— On peut toujours aller voir du côté de la cuisine, observa-t-il.

Sur le seuil de la petite porte vitrée conduisant au sous-sol, la vieille femme de l’entrée, les poings sur les hanches, considérait les visiteurs avec malveillance.

— Alors, fit-elle agressive, ce n’était pas assez du petit, en voilà une autre ?… Ça sera bientôt une pension qu’on m’amènera. Si vous croyez que je supporterai cela !…

Émile conseilla en riant, avec tranquillité :

— Taisez-vous donc, la vieille ! Vous avez vos ordres, n’est-ce pas ?

— Pour sûr que je les ai !… Sans cela, pensez-vous que je vous nourrirais, vous, la traînée de là-haut et toute sa séquelle de gosses ?… Ah ! Seigneur, si ce n’est pas une désolation que de voir des infamies pareilles !… Si j’aurais cru ça de Monsieur, un homme qui a été si rangé des vingt ans durant… Et voilà que ça le travaille, à cette heure !

Le chauffeur s’esclaffa.